Le territoire communal
Topographie, géologie, hydrographie
Christian Vandermotten, Willy Delhaye
- Topographie
Le relief bruxellois se différencie nettement de part et d’autre de la large plaine alluviale de la Senne, située à des altitudes variant entre 22 m à l’entrée de la rivière dans Région au sud et 12 m à sa sortie vers Vilvorde. à l’ouest de la Senne, les altitudes du plateau ne dépassent pas 70 à 80 m (71 au parc de Laeken, 70 à la Basilique, 81 au Scheutbos, 64 à Moortebeek) avec des vallées entre 30 et 50 m, aux versants doux et évasés, entaillées dans un soubassement assez argileux. A l’inverse, à l’est, l’abrupt de la vallée de la Senne et les versants de ses affluents (Maelbeek, Woluwe) sont raides : ils entaillent les terrains à dominante sablonneuse du plateau brabançon. Celui-ci domine la vallée de la Senne d’une altitude de 60 m au-dessus du Botanique, de 83 m à la porte de Namur, 98 m à la place Albert, 104 m à l’Altitude 100. Ce plateau s’élève donc progressivement du nord vers le sud.
Sur le territoire de Watermael-Boitsfort et à ses abords proches, les parties sommitales du plateau correspondent à trois lignes d’interfluve :
- au nord, entre la vallée du Maelbeek et celle du Watermaelbeek, à l’axe Campus de la Plaine (106 m) – rond-point du cimetière d’Ixelles (99 m) – campus du Solbosch (111 m) ;
- entre Watermael et Boitsfort (entre la vallée du Watermaelbeek et celle de la Woluwe), à l’axe Fer à Cheval (84 m) – rond-point des Trois Tilleuls (100 m) – hippodrome de Boitsfort (110 m) ;
- au sud, dans la forêt, approximativement à l’axe des drèves Welriekende – Hendrickx – Bonniers (entre 130 et 140 m). Ce troisième axe correspond à la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Woluwe et celui de l’Ijse, affluent de la Dyle.
Ces trois axes sommitaux parallèles sont reliés à la partie du plateau qui s’étire perpendiculairement du bois de la Cambre (114 m) à l’avenue de Lorraine (140 m près de l’extrémité de la drève du Haras). Cette ligne sépare le bassin de la Woluwe de celui de petits affluents directs de la Senne (Ukkelbeek, Geleytsbeek, Linkebeek).
- Géologie
[Voir aussi dans la rubrique « Cartes et plans » du site la carte géologique de Watermael-Boitsfort-Auderghem levée par M. Mourlon (1890) (extrait de la carte géologique de la Belgique au 1/40 000) et le même découpage pour la carte géologique actuelle].
Les parties sommitales du plateau et le haut de leurs versants sont modelés dans la partie supérieure des terrains tertiaires de l’Éocène moyen (Lédien, Complexe de Kallo, anciennement Asschien), voire Tongrien (Éocène supérieur, anciennement Oligocène). Sans exclure quelques faciès plus argileux dans les couches supérieures, ces assises sont majoritairement constituées de sables, graviers et intercalations de grès calcaires (dans le Bruxellien et le Lédien : les « pierres de sable », qui ont servi à la construction d’anciennes églises et abbayes et dont l’extraction s’est faite non seulement en surface, mais aussi par des galeries souterraines, comme sous le site de l’ULB au Solbosch).
Les vallées du plateau brabançon s'encaissent dans le Bruxellien (base de l'Eocène moyen). Sur le rebord oriental de la vallée de la Senne, les argiles de l'Yprésien sont atteintes sur le bas du versant.
La morphologie de nos régions a été très largement façonnée sous climat périglaciaire, sans couverture forestière. C’est à ce moment que se sont déposés les loess superficiels : amenés par les vents soufflant depuis l’inlandsis qui couvrait le nord de l’Europe, ils ont emporté les particules fines des moraines et des zones d’épandage situées en aval de cette masse glaciaire. Les sables perméables (en l'absence de gel, et surtout gelés en permanence en profondeur en climat périglaciaire) ont mieux résisté à l’érosion que les argiles, imperméables, donc sujettes à plus de ruissellement, et à des mouvements en masse (solifluxion) en période de fonte de neige. C’est qui explique l’opposition entre le relief de la partie occidentale et celle de la partie orientale de la Région bruxelloise.
- Hydrographie
Les principales rivières de la Moyenne-Belgique suivent un alignement sud-ouest – nord-est, perpendiculaire à un ancien rivage tertiaire en retrait vers le nord-est. C’est le cas de la Lys, du Moyen-Escaut, de la Dendre, de la Senne, de la Dyle, de la Gette. C’est aussi, entre Senne et Dyle, l’orientation générale de leurs affluents : le Maelbeek, la Woluwe pour ceux de la Senne ; la Voer, l’Ijse, la Lasne pour ceux de la Dyle. Il n’en va pas de même pour les rivières plus courtes qui, entaillant le rebord occidental du plateau, se jettent directement dans le Senne et suivent un cours globalement perpendiculaire à celle-ci, c’est-à-dire est - ouest : Ukkelbeek, Geleytsbeek, Linkebeek, Termeulenbeek/Meerbeek, Hain.
[Voir aussi dans la rubrique « Cartes et plans » du site l’extrait de la carte des eaux à Bruxelles pour la zone Watermael-Boitsfort – Auderghem] (Environnement.Brussels).
Les territoires de Watermael-Boitsfort – Auderghem sont drainés par la Woluwe, dont les sources se trouvent en forêt de Soignes, et par ses deux affluents, le Watermaelbeek en rive gauche, le Rodekloosterbeek en rive droite. Ce dernier a alimenté les étangs et permis l’organisation de la distribution de l’eau du prieuré de Rouge-Cloître ; il coule ensuite au pied de la colline du Bergoje, le long d’un linéaire transformé aujourd’hui en parc régional. Ces deux affluents confluent avec la rivière principale à peu près au même endroit, à Auderghem au niveau de la rue Jacques Bassem.
La pente du cours supérieur de la Woluwe, qui traverse les deux communes, est assez forte : 132 m au niveau de la source la plus occidentale, le puits de Wollenborre, au croisement du chemin des Deux Montagnes et du chemin des Sables ; 80 m à l’étang du Fer à Cheval ; 69 m à l’étang du Moulin ; 65 m à la place Wiener ; 55 m à la confluence avec le Watermaelbeek ; 51 m à Val Duchesse ; 44 m aux étangs du parc des Sources, au début du boulevard de la Woluwe et 42 m sous le Lindekemale à Woluwé Saint-Lambert. Cela représente une pente de l’ordre de 2,9 % pour le vallon, pratiquement à sec, entre la source et l’étang du Fer à Cheval, de 0,9 % entre celui-ci et la place Wiener, de 0,5 % le long du boulevard du Souverain et de 0,2 % le long de celui de la Woluwe jusqu’au moulin de Lindekemale, soit en moyenne de 1,0 % sur ce tronçon de 9 km.
Une telle pente a permis l’établissement le long de la rivière de moulins, moyennant la création d’étangs accumulant les eaux du bief supérieur. On trouvait ainsi, d’amont en aval, un moulin sous l’étang du Moulin, sous celui de Tenreuken, sous celui de l’actuel parc Seny, ainsi que, le long du Rodekloosterbeek, en amont du prieuré et en aval du dernier étang de Rouge-Cloître. Ces étangs édifiés dans les fonds de vallée inondables, en général dans des zones de sources liées au rabattement de la nappe phréatique, sont donc d’origine anthropique. Il arrive d’ailleurs souvent que la rivière ne s’écoule pas dans l’étang mais court parallèlement à celui-ci, même si une connexion existe, comme c’est le cas pour le Watermaelbeek le long de l’étang des Pêcheries. La seule observation de la série de cartes de la commune entre la fin du XVIIIe siècle et aujourd’hui montre le caractère parfois éphémère et les configurations changeantes de ces pièces d’eau, édifiées à partir du Moyen âge, non seulement pour générer des chutes, mais aussi pour d’autres usages : élevage de poissons (important pour les périodes de carême et de maigre) ; production de glace ; source de boues fertilisantes ; usage comme prairie amendée après atterrissement ; écrêtement des crues ; et, depuis la fin du XIXe siècle, inscription esthétique, puis aujourd’hui environnementale, dans des parcs et des coulées vertes et bleues.
Seule une très petite partie du territoire de Watermael-Boitsfort ne relève pas du bassin versant de la Woluwe : il s’agit des vallons secs situés dans la forêt de Soignes au sud de l’axe drève de Welriekende – drève Hendrickx – drève des Bonniers : ils descendent vers l’Yssche, la rivière alimentant les étangs de Groenendael.
La Woluwe
Les sources
La Woluwe réunit au niveau de l’étang du Moulin, le Molenvijver, les eaux de trois vallons qui s’y rassemblent, du nord au sud le Karregat (auquel est attribué le nom de Woluwe sur la carte des cours d’eau de A. Zimmer en 1880), le Vuylbeek et le Zwaenenweidebeek.
En forêt, le Karregat limite vers le nord l’éperon du plateau des Deux Montagnes, avec son site d’habitat néolithique. Dans le Karregat, l’étang du Fer à Cheval, qui a fait l’objet d’un aménagement esthétique spécifique à la fin du XIXe siècle, est alimenté par trois vallons. La branche nord de l’étang reçoit celui du Bocq, qui a son origine sous le réservoir de l’IBGE, dont il récupère le trop-plein, son nom faisant référence au captage de Spontin, et un second qui descend de l’endroit où le chemin du Réservoir se raccorde à l’avenue de Lorraine. La branche sud reçoit un vallon du nom de Wollen Borre, dont la source est située au-delà de l’avenue de Lorraine, au croisement du chemin des Deux Montagnes et du chemin des Sables. C’est le plus long des trois vallons et on peut donc considérer que le puits de Wollen borre situé à son origine est « la source » de la Woluwe. Sous l’étang du Fer à Cheval, le cours de la rivière est encore ponctué par celui des Enfants Verdronken, que les traducteurs ont mal interprété par enfants noyés, avant de passer en pertuis sous la ligne du chemin de fer Bruxelles-Luxembourg. Il parcourt ensuite l’étang situé sous le château de la propriété Tournay-Solvay.
L’éperon est limité au sud par le Vuylbeek, qui descend du carrefour entre l’avenue de Lorraine et la drève du Haras. Il traverse l’étang de l’Ermite. Ce Vuylbeek alimentait jadis un plus grand nombre d’étangs, disposés en chapelet et dénommés Zes Vijvers Bron sur la carte de Vandermaelen de 1859. Passant lui aussi sous le chemin de fer, il atteint l’étang situé immédiatement en amont de celui du Moulin, qui est séparé de celui-ci par une digue et n’apparaît sur les cartes qu’à la fin du XIXe siècle.
Enfin, venant du sud, parallèlement à la chaussée de La Hulpe et à travers le Coin du Balai, le Zwaenenweidebeek (aujourd’hui souterrain) provient d’un vallon descendant à travers la forêt depuis le chemin de fer, au sud du chemin de la Forêt de Soignes. Il était lui aussi jalonné d’étangs : sur Ferraris, le Wolfsvijver (ou Woluevijver), dit aussi Busdaelvijver ; le Heiligenborre vijver (déjà mentionné sur un acte notarié de 1429) et le Nieuwendamvijver.
Les deux premiers appartenaient à l’église de Watermael (Kerkvijvers) : en amont, le Busdalvijver couvrait environ 50 ares ; en aval, le vijver ten Heiligenborre, environ 80 ares, était propriété de l’église depuis le début du XVIe siècle. Seul le Heiligenborre vijver est figuré sur la carte de Vander Stock (1661), mais dans une configuration différente de celle observée plus tard ; les deux le sont sur les cartes du XVIIIe siècle, Laurin (1740) et Ferraris (1770-78). La construction d’une digue qui supporte aujourd’hui la rue dite Montagne du Chat, déjà visible sur la carte de 1661, avait isolé le (Nieuwen)damvijver du Molenvijver initial.
Sur le plan de 1812-16, les trois étangs du Coin du Balai sont présents. Sur celui de 1836, le Heiligenborrevijver et le Busdaelvijver ont disparu, l’emplacement du second étant affecté de la couleur verte des prairies humides.
Les étangs du Coin du Balai ont été asséchés au cours du XIXe siècle : les trois sont présents sur le cadastre de 1812-16, un seul, le Nieuwendamvijver, sur celui d’Huart (1836). Ce dernier a été asséché entre 1859 (carte de Vandermaelen) et 1870-72 (carte du Dépôt de la Guerre). Ces sites asséchés sont devenus des prés, puis ont été partiellement bâtis, mais le parcellaire a gardé l’empreinte de ces étangs. C’est sur le site du vijver ten Heiligenborre qu’a été établi le manège de La Martingale, aujourd’hui le Manège du Possible.
Le grand étang de Boitsfort, le Molenvijver
Au-delà du croisement de la rue Middelbourg et de la chaussée de La Hulpe, s’étend le Grand Etang de Boitsfort dit aussi Molenvijver. Son existence est attestée dès 1282 par un texte détaillant la dotation de ses revenus au bénéfice d’une chapelle dédiée à Saint-Hubert qui est érigée par Jean I, duc de Brabant. Cette pièce d’eau est retenue par une levée de terre formant barrage sur lequel a été bâti le moulin. Son emplacement a été opportunément choisi en raison du rétrécissement de la vallée de la Woluwe entre le Krekelenberg et le Kwynenberg. La retenue d’eau constitue une réserve d’énergie pour l’alimentation du moulin-barrage.
A la fonction d’alimentation énergétique du moulin s’ajoutait la pisciculture, qui a connu un essor remarquable aux XVème – XVIème siècles. Les viviers de Boitsfort rapportaient bon an mal an de 500 à 700 carpes ainsi que 70 à 100 brochets, parfois du blanc poisson et des alevins qui sont remis à engraisser. L’introduction de l’élevage de la carpe, Cyprinus carpio originaire du bassin du Danube, au XIVème siècle en Brabant, lui a donné une nouvelle impulsion comme vivier. Pour la pisciculture, on utilisait plusieurs étangs aux fonctions différenciées. Il y avait au moins trois viviers : un vivier d’élevage, un vivier d’engraissage des poissons d’un an et un vivier d’engraissage des poissons plus âgés parmi lesquels on choisissait les carpes reproductrices.
Le moulin et son étang sont restés la propriété des souverains successifs jusqu’à l’occupation française en 1794. En 1795, le moulin et le Molenijver avec son prolongement le Dammevijver sont confisqués puis vendus comme Biens Nationaux par la République Française. Le citoyen Van Mons agissant par procuration pour Jacques Joseph Snoeckx, négociant à Turnhout, en fait l’acquisition en 1799.
Le moulin et les étangs sont ensuite passés par héritage à la fille de l’acquéreur Pétronille Snoeckx, épouse Vanderbruggen, habitant Bruxelles. Pierre-Théodore Verhaegen (bourgmestre de Watermael-Boitsfort de 1825 à 1842 et un des fondateurs de l'ULB) en fait l’acquisition en 1837. A son décès en 1862, son fils, Eugène Verhaegen hérite du bien. Florence Nève, sa veuve, vend le moulin et l’étang à Léopold II à titre personnel en 1900. Les Verhaegen conservaient cependant la jouissance de la surface de l’étang pour l’accès et le canotage. En 1903, fort désireux de préserver ce superbe site, le monarque en avait assuré la pérennité en léguant l'étang avec ses abords à la Donation Royale. Celle-ci en entra en possession après le décès de Léopold II en décembre 1909. Elle en est aujourd'hui encore la propriétaire. Le moulin quant à lui fut mis en vente et acquis par le constructeur-entrepreneur et conseiller communal Louis Crollen qui le fit démolir avant 1914.
A l'aube du XXème siècle, l'endroit était particulièrement recherché par la bourgeoisie bruxelloise. Sa fréquentation avait été favorisée par la création de la gare de Boitsfort peu avant 1860 puis par l'établissement d'une ligne de tramway vers 1900. Mais sa spécialité d'anguilles que l'on servait dans les nombreux établissements établis le long de la chaussée de La Hulpe était certainement aussi une des causes de ce succès.
Dans les années 1950, la surface de l’étang a été légèrement réduite suite à la création de l'avenue de la Foresterie : 0,54 ha ont été comblés sur les 4,23 ha qu'il comptait auparavant.
La vallée de la Woluwe en aval du Molenvijver : l’ancien étang de Boitsfort
Partant du Molenvijver, la Woluwe suit le tracé des rues Middelbourg et de la Vénerie. Elle y a été couverte en 1896, vers 1950 seulement pour un court tronçon situé immédiatement en aval de la digue de l’étang, où on pouvait encore apercevoir alors la chute de la rivière. Dans sa partie inférieure, ce tronçon longeait l’étang de Boitsfort, qui bordait l’ancien château de la Vénerie ducale, puis la Villa (aujourd’hui Maison communale). Cet étang de Boitsfort était situé au bas d’un vallon, le Leybeek, correspondant à la drève du Duc. Il a été comblé en 1868-69. Un autre étang est néanmoins apparu au début du XXe siècle, dans une zone de sources, en bordure nord du boulevard du Souverain et en lien avec la construction de celui-ci. C’est l’étang du Leybeek (anciennement des Écoles), entre la place Wiener et l’avenue de la Fauconnerie. Longtemps marais et déversoir des eaux usées de Boitsfort, il a été assaini en 1954-55 par la construction du collecteur sous le boulevard du Souverain et aménagé en 1958, en même temps que le parc qui l’entoure, par René Pechère.
Le long du boulevard du Souverain : les étangs de la Royale belge et de Tenreuken
La Woluwe, à nouveau en général à ciel ouvert jusqu’au viaduc Hermann-Debroux, poursuit son trajet le long du boulevard du Souverain. Son cours est ponctué d’étangs : successivement celui de l’ancienne propriété Morel ; celui de l'ancienne Royale Belge (auparavant étang de la Distillerie puis étang Depaire) ; le nouvel étang Tenreuken dans le parc de même nom. La configuration de ces étangs a été fortement modifiée par leur inclusion dans le projet urbanistique et paysager voulu par le roi Léopold II au début du XXe siècle pour le boulevard du Souverain. Ainsi entre 1832 et 1885, l'ancien étang de la Royale Belge actionnait la roue à aubes du moulin qui fournissait l'énergie à une distillerie (développé dans le chapitre Histoire). Plus en aval, la Woluwe traverse de part en part le parc Seny (sur Auderghem) aménagé un peu avant 1958 par René Pechère. Elle faisait tourner un moulin à papier (ensuite remplacé par une teinturerie).
De manière significative, ces tronçons entre le centre de Boitsfort et la chaussée de Wavre à Auderghem ne portaient pas le nom de Woluwe sur le plan cadastral de Popp, mais successivement ceux de Molenbeek et de Fabriekbeek, puis à nouveau de Molenbeek en aval de la chaussée de Wavre en direction de Val Duchesse. La rivière est à nouveau canalisée en souterrain sur la plus grande partie de son cours entre le viaduc Hermann-Debroux et l’étang de Val Duchesse.
Le Watermaelbeek
Le Watermaelbeek débute par deux vallons en forêt de Soignes et au sud-est du Bois de la Cambre. Mais la topographie de sa partie amont a été profondément modifiée par la construction du tunnel du chemin de fer de ceinture, de l’avenue Franklin Roosevelt et l’aménagement de ses abords, de sorte que la topographie de la vallée de ce ruisseau ne devient réellement lisible qu’à son entrée sur le territoire communal par le Dries, puis le long des rues du Bien-Faire, de la place Keym et de la rue des Bégonias. La rivière est déjà entièrement enfouie sur la carte topographique de 1891.
Un peu en aval de l’angle des rues des Bégonias et des Pêcheries, le Watermaelbeek reçoit sur sa rive gauche le Veeweydebeek, ruisseau aujourd’hui disparu qui provenait du village de Boendael et suivait le tracé de l’avenue du Bois de la Cambre. On peut arguer qu’en réalité le ruisseau principal était le Veeweydebeek et que celui-ci recevait la Watermaelbeek en affluent de rive droite. C’est d’ailleurs sous le nom de Veeweydebeek que la réunion des deux ruisseaux est mentionnée sur les cartes du XIXe siècle. C’est après cette confluence, dans une zone de sources, qu’on voit apparaître le cours d’eau à l’air libre, dans le parc de la Héronnière. Il est à nouveau enfoui à la sortie de celui-ci, avant de se jeter dans la Woluwe au-delà du shopping-center d'Auderghem, édifié dans les prairies alluviales humides, et du boulevard du Souverain.
Les étangs de Tercoigne
Entre les actuels parc Tercoigne et le restaurant des Pêcheries, les plans cadastraux du XIXe siècle (1812-16, 1834, le plan Popp) et la carte de Vandermaelen (1859) montrent que la vallée du Veeweydebeek était ponctuée par quatre étangs : trois en amont de l’actuelle rue des Néfliers, un en aval, qui avait été l’étang bordant et entourant le château de Watermael avant sa démolition. Mais tous ces étangs ont disparu sur les cartes topographiques de la fin du XIXe siècle (1870 et 1891). Deux étangs réapparaissent sur les documents du début du XXe siècle sur le flanc nord de la vallée du Veeweydebeek : le premier en amont de l’avenue Tercoigne, le second entre les avenues de la Tanche et du Gardon plus ou moins à l’emplacement de l’ancien étang du château.
Les deux premiers des étangs anciens étaient plus ou moins à l’emplacement de l’actuel étang du parc Tercoigne. L’aménagement de celui-ci, conçu par l'architecte de jardins René Pechère, a été réalisé en 1971-72 par l'entrepreneur Alfred Boucher. L'étang actuel est alimenté par pompage dans la nappe phréatique.
Situé à l'entrée de la rue des Pêcheries, au n° 2, le chalet Robinson a été construit vers 1890 par la famille Van Haelen. Il est situé à hauteur de l’ancien troisième étang. En 1906, l'Administration communale d'Ixelles a acheté aux héritiers Van Haelen la plus grande partie des terres de Tercoigne ainsi que le chalet Robinson (et, plus loin, la Pêche royale). Elle comptait établir une station d'épuration pour les eaux de Boendael sur les terres en question (projet heureusement jamais concrétisé) et utiliser les étangs comme bassins d'orage. Dès sa construction, le café était exploité par Jacobus Coppens-De Beus auquel succéda son gendre Henri Degreef-Coppens. Ainsi, au début du XXe siècle, le café était connu sous le nom de Chez Kobe (diminutif de Jacobus). Outre un étang situé au pied de son café (il servait de réserve de pêche), Kobe louait aussi à la commune d'Ixelles, l'étang de Tercoigne, qui venait donc d’être rétabli, et portait alors le nom de Pêche impériale, puis après la guerre 1940-1945, Pêche des Alliés. Dans les années 1970, Ixelles a vendu le chalet Robinson. La S.A. B.T.S le possède à la fin des années 1980 mais le revend en 1992 à la SA. Inn qui le rénove. Dès 1999, le café prend le nom de Brasserie Antoine puis, quelques années plus tard, Brasserie X-It. En 2008, l'établissement devient The Lodge. En 2006, la propriété a été démembrée : une partie d’un étang situé sous le café a été comblée et une habitation a été construite à l'angle de la rue des Pêcheries et de la rue des Néfliers.
La Pêcherie royale
Aujourd’hui un des fleurons des espaces bleus de Watermael-Boitsfort, l’étang de la Pêcherie royale est en réalité une pièce d’eau récente : elle n’apparaît que sur la carte topographique de 1891. En 1884, Jean Philippe Sommeryns, d'une famille de glaciers auderghemois, acquiert l'endroit qui n'était alors qu'un vaste pré inondable d'environ 2ha 40a, et y creuse un étang de pêche. De façon complémentaire, la glace qui y était recueillie en hiver était stockée (parfois jusqu'à 10 mois) dans la grande glacière qu'il avait construite en face de la brasserie de la Chasse Royale tout près du boulevard du Triomphe.
En bordure de son nouvel étang, Sommeryns met en exploitation un débit de boissons, le Café-Laiterie de la Pêche royale (déjà connu sous ce nom vers 1900) qui avait remplacé une petite ferme. De nombreux pêcheurs s'y donnent rendez-vous.
En 1905, l'étang et ses abords (de même que l’étang de réserve du chalet Robinson, rétabli au nord de l’avenue des Pêcheries plus ou moins à l’emplacement de l’ancien château de Watermael) sont acquis en vente publique par la Commune d'Ixelles dans le but d'en faire un réservoir régulateur des eaux d'orage de Boendael. Ixelles met en location d'une part l'exploitation de l'étang et du café et d'autre part, l'enlèvement de la glace. à partir de 1930 et pendant plus de 40 ans, un stand de tir est aussi en activité à proximité de l'établissement.
En 1972, la Pêcherie royale est achetée par un promoteur italien dont les projets immobiliers se heurtent à la résistance des riverains désireux de conserver le site. Ils sont suivis par les Administrations communales de Watermael-Boitsfort et d'Auderghem. Laissés à l'abandon pendant des années, les bâtiments se sont pour leur part fort dégradés.
En 1997, la Région de Bruxelles Capitale devient propriétaire des lieux après un long processus d'expropriation par voie judiciaire et les intègre au Parc régional de la Héronnière. Elle confie l'exploitation de l'établissement et de ses abords à la sprl Flying G qui rétablit et développe le Café-Laiterie des Pêcheries.