Le territoire communal
Le chemin de fer
Willy Delhaye et Christian Vandermotten
La ligne 161 (Schaerbeek - Namur)
En 1847, la société La Grande Compagnie du Luxembourg, créée en 1846 et bénéficiaire de la concession de la ligne, entame la construction du haut remblai entre Watermael et Boitsfort, qui coupe l’ancien tracé du Dries, et des deux tunnels-viaducs qui permettent de le franchir, au Dries et à la rue de l’Élan. En 1853, la voie unique arrive à Boitsfort et débute vers Groenendael. Le premier tronçon de la ligne du Luxembourg, Bruxelles/Quartier Léopold - La Hulpe, est exploité depuis le 23 août 1854, la ligne complète en 1856 (et son prolongement par la ligne 162 jusqu'à Arlon-Sterpenich, le 8 novembre 1858).
Une deuxième voie est établie en 1872 jusque Rixensart et en 1878 sur tout le tracé jusque Namur.
En 1873, après des procédures entamées dès 1856 suite aux difficultés et à la mauvaise gestion de la Grande Compagnie du Luxembourg l’État belge reprend la ligne.
L’électrification est réalisée en 1956. La mise à quatre voies, dans le cadre du développement du Réseau express régional, est réalisée jusque Watermael en 2018 et le travaux sont en voie de finalisation au-delà. À l’occasion de ces travaux, des murs végétalisés ont été construits pour redresser les talus dans la forêt, ainsi qu’un écoduc qui surmonte les voies depuis 2012 entre le chemin de la Forêt et la drève des Bonniers.
La gare de Boitsfort
A Boitsfort, le premier bâtiment de la gare a été construit entre 1854 et 1858. Il sera remanié en 1906 et démoli vers 1971. Il sera remplacé alors par un petit bâtiment muni de grandes baies vitrées et revêtu de briques blanches, à toit faiblement incliné. Laissé à l’abandon depuis 2005, celui-ci sera détruit à son tour en 2010.
En 2013, dans le cadre de la création du RER et de la mise à quatre voies de la ligne, une nouvelle gare souterraine a été construite et est en cours d'aménagement. Les voies sont recouvertes d’une dalle s’étendant depuis la hauteur de l’avenue des Lucanes (et prochainement depuis celle de l'avenue des Criquets) jusqu’à celle de la propriété Tournay-Solvay.
Outre le service voyageurs, Boitsfort était une gare charbonnière et forestière jusque 1956. Elle comprenait deux voies de garage latérales, une côté Boitsfort avec une aire de déchargement de charbon qui fut utilisée jusqu'en 1914-18 puis délaissée pour celles de Watermael et d'Etterbeek, et l'autre, côté forêt, jusqu'au passage à niveau non gardé de la drève des Deux Montagnes. A cet endroit, un quai pour le déchargement des arbres était encore visible dans les années 1950. C’est là qu’aboutissait la ligne d’un petit chemin de fer forestier à voie étroite (écartement de 60 cm, type Decauville) qui traversait la forêt sur 2,5 km en suivant le chemin des Deux Montagnes puis en s’en écartant pour atteindre l’aboutissement de la drève du Haras à la Petite Espinette, où il était en connexion avec le tramway vicinal de la chaussée de Waterloo. Ce petit chemin de fer transportait le bois et du gravier pour l’empierrement des chemins de la forêt. Il a fonctionné de 1902 à 1918 et est encore bien visible sur la carte de la forêt de 1919 et partiellement sur la carte topographique de 1930. Le seul vestige actuel de ce chemin de fer est le hangar du matériel roulant, rénové en 2003, qui sert de remise pour les forestiers.
En 1878-80, de la création de l'Hippodrome de Boitsfort jusqu'à l'établissement d'une ligne de tramway à vapeur en 1887 le long de l'avenue de la Forêt, des trains spéciaux circulaient les jours de courses entre Boitsfort et Bruxelles.
La gare de Boitsfort a connu un privilège royal. Le sénateur Sam Wiener, qui habitait non loin de la gare, était le conseiller privé de Léopold II en matière coloniale. Pour qu'il puisse rejoindre le palais lorsque le roi l'appelait pour une consultation urgente, une signalisation spéciale pouvait faire arrêter le direct de Namur pour embarquer Wiener vers Bruxelles.
La gare de Watermael
En 1860, une halte est créée à Watermael, sur le Watermaelberg, au passage à niveau entre la rue de Station (rue du Roitelet) et le chemin de Boondael (avenue de Visé).
Un premier bâtiment est bâti à la halte de Watermael en 1873-1874. Une gare de marchandises (surtout pour le charbon) sera ajoutée en 1880. La gare actuelle de Watermael est construite en 1884 par l'entrepreneur Ruquoi. Les plans ont été dessinés par l'architecte Émile J. Robert, sur la base d’un plan-type.
La gare de Watermael comprend un bâtiment principal à deux niveaux et un étage sous combles dit bâtiment des recettes, et deux ailes latérales asymétriques. De style néo-renaissance, l'immeuble présente des façades où alternent des bandes de briques roses et rouges, des ornements de ferronnerie et, du côté des voies, un auvent supporté par des fermes métalliques. En 1892, l'aile droite a été agrandie pour aménager un logement destiné au chef de station. L'aile gauche était utilisée comme salles d'attente (1ère - 2ème classes et 3ème classe).
En 1905-1907, les arcades sont construites sous la ligne 161 (ligne du Luxembourg) et 26 (ligne Hal-Bruxelles) et le passage à niveau est supprimé. À son emplacement un passage sous voie pour les piétons et les cyclistes a été ouvert en 2024.
Vers 1950, les façades de la gare sont recouvertes d'une peinture uniforme. C'est à cette même époque que commence son déclin. Elle sera fermée au public en 1984 mais la halte sera maintenue. Le bâtiment est classé depuis 1992. La Commune l'acquiert par bail emphytéotique de 99 ans en 1997. Elle le convertit en un nouveau centre socio-culturel de Watermael-Boitsfort qui est inauguré le 27 septembre 2006.
La gare de Watermael a beaucoup inspiré le peintre Paul Delvaux, ce qui a contribué à son classement et à sa nouvelle affectation.
La halte en forêt de Soignes
Outre les bien connues gares de Boitsfort et de Watermael, existait autrefois une troisième station sur la ligne 161.
Là où la voie ferrée coupe, dans la forêt, le chemin de la forêt de Soignes (qui part de l'actuel carrefour de l'Europe) une halte avec passage à niveau fut aménagée en 1897. Un train de la ligne 161 s'y arrêtait une fois par semaine, le dimanche, pour débarquer puis, plus tard dans la journée, rembarquer les citadins qui venaient assister à un match de football sur le plateau de la Foresterie, ou bien aux courses à l'hippodrome de Groenendael ou encore simplement se promener dans la forêt.
Cette halte comportait deux bâtiments : celui qui abritait les commandes de la signalisation et la maison du garde-barrière.
La petite gare forestière et son passage à niveau ont été démolis en 1956. C'est elle qui a été immortalisée par Paul Delvaux !
La ligne 26
La ligne 26 a été conçue comme une ligne pour le trafic des marchandises, assurant le contournement de Bruxelles par l’est, alors que la ligne 28 qui assurait cette fonction à l’ouest était saturée. Elle devait aussi permettre au trafic de marchandises venant de la ligne 161 et se dirigeant vers Anvers de ne plus encombrer les voies vers le Quartier Léopold. Son projet a été approuvé en 1894 et le tracé en 1903. Le plan des ponts sur la ligne 161 et aux Arcades est réalisé en 1899-1900. Ils sont achevés entre 1904 (sur la ligne 161) et 1907 (aux Arcades). Les voies sont en place de part et d’autre du pont des Arcades en 1910. Mais les travaux sont interrompus par la guerre et freinés ensuite par les difficultés de creusement du tunnel du Cinquantenaire, de sorte que les premiers trains ne circulent sur la ligne qu’en 1926 jusque Linkebeek et en 1930 jusque Hal. La ligne est électrifiée en 1950 (en 1963 au-delà de Linkebeek).
En 1973, la ligne est ouverte au trafic de voyageurs et sa desserte est étoffée à partir de 1993 pour s’intégrer dans le projet de desserte ferroviaire suburbaine. L’ouverture du tunnel Schuman en 2016 entraîne le détournement d’une grande partie du trafic qui passait par Delta et Mérode vers Etterbeek et Schuman, à partir d’où ils peuvent rattraper la ligne 26 à Meiser.
Un seul arrêt de la ligne 26 se situe sur le territoire de Watermael-Boitsfort : il s’agit de la station Arcades, créée dans le cadre du projet de réseau express régional et située sur le viaduc. Presque terminée en 2009, elle n’a été ouverte qu’en 2016, après l’installation d’un ascenseur.
Néanmoins, le quartier du Dries est aussi desservi par la station de Boondael, située sur le territoire d’Ixelles, créée dès l’ouverture de la ligne aux voyageurs en 1973.
L'insertion dans le réseau S(uburbain)
Dans le cadre de la lente mise en œuvre du réseau express régional bruxellois, imaginé dès la fin des années 1980, la SNCB a réorganisé sa desserte des environs de Bruxelles en 2015 en créant des trains S. Les trois haltes watermael-boitsfortoises, ainsi que celle de Boondael, sont desservies par ces lignes suburbaines : Boitsfort par la S8 et la S81, Watermael par la S8, Arcades par la S7 et Boondael par les S5, S7 et S19. En semaine, on compte dans chaque sens 2 trains par heure à Boitsfort, 1 à Watermael, 1 à Arcades et 3 à Boondael.