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La place L. Wiener avec la Maison communale et la Maison haute
La place L. Wiener avec la Maison communale et la Maison haute

Le territoire communal

Sommaire

Evolution du territoire communal

Christian Vandermotten, Willy Delhaye

Les territoires communaux actuels de Watermael-Boitsfort (12,93 km²) et d’Auderghem (9,03 km²) correspondent, à une petite exception près, aux lieux qui relevaient sous l’Ancien régime de la paroisse Saint-Clément de Watermael, auxquels ont été ajoutés par la suite une partie des territoires domaniaux de la Forêt de Soignes.

Les communes ont été créées en 1795, après le rattachement des territoires habsbourgeois des Pays-Bas, ici le duché de Brabant, et de la principauté de Liège à la France. Le pouvoir révolutionnaire français avait fondé sa doctrine en matière de formation des nouvelles communes sur la règle théorique de faire correspondre chaque noyau d’habitat à une commune d’une part, d’éviter les enclaves de l’autre. Sur cette base, deux communes distinctes ont été créées : Boitsfort, d’une part, Watermael, auquel est adjoint le hameau d’Auderghem en dépit de sa nette individualisation, de l’autre. Toutefois, en tant que forêt domaniale, la forêt de Soignes, y compris le domaine des Trois Fontaines, inclus dans le territoire domanial, restera en dehors du découpage communal jusque 1825, année de la cession du domaine de Soignes à la Société générale par le roi Guillaume des Pays-Bas.

L’examen de la carte de Ferraris (voir rubrique Cartes et plans) montre que la seule exception à l’inclusion de l’ensemble des lieux affectés du chiffre 78, celui de la paroisse Saint-Clément, dans les limites communales actuelles de Watermael-Boitsfort et d’Auderghem concerne quelques bâtiments situés dans l’angle entre la chaussée de Boitsfort et la chaussée de La Hulpe, approximativement au niveau de l’actuel domaine Solvay, qui seront rattachés à Ixelles, commune à laquelle a aussi été attribué le hameau de Boondael. Ce hameau relevait sous l’Ancien régime de la paroisse Saint-Pierre d’Uccle. Ce territoire situé entre les chaussées de La Hulpe et de Boitsfort passera à la ville de Bruxelles après le rattachement à cette dernière en 1907 des terrains ixellois avoisinant l’actuelle avenue Franklin Roosevelt, dans le cadre de la préparation de l’Exposition universelle de 1910.

La bornage initial entre Boitsfort et Watermael d’une part, les communes limitrophes et la forêt de Soignes l’autre, date de 1806. La limite avec Ixelles suit, à partir de la chaussée de La Hulpe, Den heurck weg [la partie sud de l’avenue des Coccinelles], puis le chemin de Bruxelles à Boitsfort ou chemin des Charrettes [successivement la chaussée de Boitsfort, la rue Ernotte (en commençant par son tracé ancien qui correspond au sentier le long du petit terrain de sport depuis Dries), un court tronçon de la rue des Merisiers (au-delà de la coupure induite par la ligne 26 du chemin de fer), la rue du Relais, la chaussée de Boondael jusqu’à son coude au-delà du rond-point du cimetière d’Ixelles, et enfin l’avenue des Saisons jusqu’à la rue du Printemps]. De là, la limite partait, presque en droite ligne (devenant ensuite celle avec Etterbeek) rejoindre la drève de la Cambre [avenue des Volontaires]. Cette limite nord-ouest a suscité des contestations avec Ixelles. À partir de l’actuelle avenue des Volontaires la limite avec Etterbeek et Woluwé Saint-Pierre correspond à l’actuelle, traversant les bois de Papedelle et de Sainte-Gertrude, englobant les biens du couvent d’Auderghem (le Val Duchesse) et ceux de Rouge Cloître.

La limite communale suit alors la lisière de la forêt domaniale de Soignes, ce qui explique le petit tentacule pénétrant en forêt vers la source de l’Empereur, qui alimentait les étangs de Rouge-Cloître et dépendait du prieuré. Notons toutefois que le bornage de 1806 et la carte de 1807 montrent que Watermael comprenait aussi les étangs des Flosses, qui formaient une enclave privée dans la forêt domaniale de Soignes sous l’Ancien régime et n’ont donc pas été rattachés au domaine national sous le régime français. Elles formaient ainsi une exclave de la Commune, qui fut rattachée à Tervuren quand le territoire de Soignes fut divisé en 1825 entre les communes limitrophes.

Plan de Watermael en 1807 (Dépôt de Bruxelles des Archives générales du Royaume). Carte d’ensemble. Ces plans communaux ont été levés parallèlement aux opérations d’arpentage et de mise en place du cadastre sous le régime impérial. Ils ne portent néanmoins pas encore la division parcellaire. Le plan de Watermael a été terminé le 2 avril 1807 et approuvé par le Préfet de la Dyle le 2 juin 1808 « sans rien préjuger sur les difficultés de limite existante avec Ixelles ». Le plan de Boitsfort a été terminé le 27 mai 1806, mais nous ne l’avons pas retrouvé. Ce plan montre des limites communales similaires aux limites actuelles, à l’exception du nord-ouest et de l’exclave de l’étang des Flosses (et pour ce qui concerne la délimitation avec la commune de Boitsfort, celle entre les actuelles sections cadastrales D et E).
Plan de Watermael en 1807 (Dépôt de Bruxelles des Archives générales du Royaume). Agrandissement du nord-ouest de la commune. En bas, au milieu, la ferme Tercoigne.

En 1811, Watermael (incluant Auderghem) (8,8 km²) et Boitsfort (1,3 km²) sont fusionnés par décret impérial.

En même temps, les territoires watermaelois situés à l’ouest de la chaussée de Wavre et au nord du Houtweg (le vieux chemin de la chaussée de Boondael à Auderghem) [extrémité de l’avenue de la Couronne vers le cimetière, avenue Fraiteur, tracé disparu à travers la Plaine jusqu’à la rue Liévin Verstraeten, rue des Trois-Ponts jusqu’au square J.B. Degreef] sont cédés à Ixelles. Les textes indiquent que cette cession au profit d’Ixelles concerne deux enclaves (2 ha de terres agricoles), le bois Delmarmol et le Galgelberg (50 ha). Ce dernier toponyme (Montagne de la Potence) se rapporte aux environs de l’actuel rond-point du cimetière d’Ixelles ; le bois Delmarmol n’apparaît pas sous ce nom sur les cartes, il doit s’agir du bois du Solbosch ; quant aux deux enclaves, elles n’ont pas pu être localisées et ne sont d’ailleurs nulle part mentionnées dans le procès-verbal de délimitation de 1806.

Lors du même échange de territoire de 1811, Watermael-Boitsfort reçoit d’Ixelles le hameau de Borchtgrave (30 hectares avec 37 habitants). Ce lieu est difficile à identifier. Le toponyme pourrait faire référence à la Vicomté de Bruxelles qui possédait sur Boitsfort une petite seigneurie formée de différentes parcelles (mention est faite du Borggraven van Brussel dans un inventaire du domaine de Duras de 1717). Des parcelles de cette seigneurie auraient pu être rattachées à Ixelles, parce que le Vicomte de Bruxelles possédait aussi la seigneurie de Boondael. Elles seraient situées entre l’étang des Enfants noyés et la partie de la chaussée de La Hulpe entre l’étang du Moulin et l’actuelle gare de Boitsfort. Il est toutefois étonnant qu’aucune mention d’une appartenance à Ixelles de portions de ce territoire ne soit faite dans le procès-verbal de délimitation de 1806.

Au total Watermael-Boitsfort perd donc en 1811, 22 ha au profit d’Ixelles.

A gauche, description des (nouvelles) limites entre Watermael-Boitsfort et Ixelles (1811) (AGR). A droite, description des limites entre Watermael-Boitsfort et la forêt de Soignes (1811) (AGR).
Plan d’ensemble du premier levé cadastral de la commune de Watermael-Boitsfort (1812-1816), avec sa division en sections (AGR).

En 1825, suite à la cession du domaine de Soignes à la Société générale, ce qui la fait passer dans le domaine privé, la forêt est partagée entre les communes limitrophes. Les trois triages de l'Infante, de Boitsfort et du Tambour, soit 12 km², sont attribués à Watermael-Boitsfort et forment la section cadastrale F.

Carte de la division de la forêt de de Soignes en triages et de leur répartition entre les communes contiguës (1825) (AGR).
Évolution du territoire de Watermael-Boitsfort (avec Auderghem) après l’indépendance de la Belgique, avec les lieux-dits, le tout localisé sur le plan d’assemblage du plan cadastral de Popp, 1860. Les traits rouges délimitent les communes, les bleus les sections cadastrales (A au Nord, B pour Auderghem, C pour le Rouge-Cloître, D pour Watermael, E pour Boitsfort et F pour la Forêt de Soignes).

En 1862 la commune d’Auderghem est créée, ce qui ampute Watermael-Boitsfort de 9,1 km². La nouvelle commune d’Auderghem est constituée des sections cadastrales A, B et C, ainsi que d’une partie de la section forestière F (la partie orientale du triage du Tambour jusqu’à la chaussée de Wavre). La limite entre Auderghem et Watermael-Boitsfort suit donc le chemin des Meuniers, dont subsistent la rue des Brebis et un tronçon de l’avenue Charles Michiels, Elle descend dans l’axe de l’actuelle rue des Néfliers, qui séparait les terres de la ferme Ter Coigne de celles du château de Watermael, déjà ruiné lors de la séparation. Elle suit la rue des Pêcheries, au nord de laquelle se trouvait le château, traverse la vallée du Veeweydebeek [Watermaelbeek]. Elle s’écarte donc ici quelque peu de l’ancienne séparation des sections cadastrales B et D, qui suivait le cours du Watermaelbeek, pour suivre un peu plus au sud l’ancien chemin du Lammerendries [rue du Pré-aux-Agneaux], à la limite méridionale de la plaine alluviale du Veeweydebeek. Elle s’oriente vers le sud dans la plaine alluviale de la Woluwe, à hauteur du parc Seny, et longe la limite orientale de l’étang de Tenreuken, qui correspond à la limite des terres domaniales de la forêt jusque 1825, jusqu’au coin des avenues Tenreuken et du Grand Forestier, d’où elle se prolonge vers le sud jusqu’à l’ancienne barrière sur le chemin de Boitsfort à Auderghem [Au Repos des Chasseurs]. Dans la forêt, la limite se dirige vers le sud-est à partir de l’ancienne barrière jusqu’à la limite d’Overijse (Welriekendedreef).

En 1875, 1890 et 1913, des échanges de territoire sont réalisés entre Auderghem et Ixelles (voir carte). Les transferts de 1875 ajustent la limite entre les deux communes à la bordure de la plaine des Manœuvres (avec encore des ajustements mineurs en 1890 et 1913), Auderghem acquérant la portion d’Ixelles située entre cette plaine et la chaussée de Wavre. Le transfert de 1890 transfère à Ixelles le territoire de son nouveau cimetière communal (inauguré en 1877).

Synthèse des modifications territoriales de Watermael-Boitsfort et d’Auderghem.