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1661. Carte de la Forêt de Soignes peinte par Ignace Van der Stock

La carte est peinte sur une toile de 2,90 x 2,80 m et présentée aux Archives générales du Royaume. Elle fait suite et se base sur des levés réalisés par le géomètre Lambertus Laurin entre 1634 et 1638 et repris sur la carte de S. (ou J.) Van Werden, gravée par Lucas Vosterman Jr et reprise dans la Chorographia Brabantiae Sacra d’Antonius Sanderus, publiée à Bruxelles en 1659. La carte est orientée avec le sud vers le dessus. Pour la facilité de la lecture et la comparabilité avec les autres cartes, nous la présentons ici deux fois, orientée sud au-dessus pour la lecture des écritures, nord au-dessus pour la comparaison cartographique. Elle représente l’ensemble de la Forêt de Soignes de l’époque relevant du Domaine du Souverain, s’étendant jusque, dans les coins inférieurs, Bruxelles et Duisburg, vers le dessus, La Hulpe, Mont Saint-Jean et les bois au-delà du Prieuré de Sept Fontaines. Des bois relevant de propriétaires privés et éventuellement attenants à la Forêt ne sont donc pas représentés. Nous reproduisons ici la seule portion de cette carte correspondant au découpage adopté pour les cartes plus récentes. Il couvre donc entièrement les actuelles communes de Watermael-Boitsfort et d’Auderghem. La carte a été redressée, de manière à s’inscrire au mieux dans la géométrie des cartes topographiques actuelles ; cependant, les limites communales actuelles, superposées à la carte ancienne, ont dû être déformées pour s’inscrire sur des éléments cartographiques qu’elles suivent (chemins, bords d’étangs, limites de bois domaniaux, etc.).

 

Le territoire forestier est divisé en laies ou layons clairement délimités sur la carte. Leur liste occupe l’espace d’un cartouche. Ils portent des numéros, de 1 à 45, qui étaient ceux utilisés pour la gestion de la forêt de Soignes aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le nom de chacun d’eux est indiqué, suivi de sa contenance ainsi que du lieu et la date de la coupe dont il a fait l’objet. Le tableau est divisé en deux parties : d’abord les layons (de 1 à 10) abritant le vieux bois, de plus de cent ans, ensuite les layons (de 11 à 45) comprenant les autres bois plus jeunes. Après ceux-ci, sont énumérées des parcelles de natures diverses (étangs, prés, chemins, haras de Groenendael) qui ne sont pas comprises dans les layons. Elles portent les numéros I à XXVI. Les noms de ces subdivisions qui correspondent à la portion de la forêt concernant entièrement ou partiellement Watermael-Boitsfort et Auderghem sont indiqués ci-dessous :

 

Vieux bois (plus de 100 ans)
2

7

9

D’Operken

De Flos oft Epeler

Gruenendael Buenders

Bois plus jeunes
28

29

30

36

42

De Vuylbeeck ofte Diperik

Aen Treygers bosh

Een deel van het Coedael houw

Coedael

Quenen bergh

Autres parcelles
XV

XVI

XVII

XXIII

Den meulen vyver tot Boitsfort

Den dam vyver

Den vyver ten Reuken

Bosch De Motte

 

En ce qui concerne les voies de communication, un chemin existe déjà correspondant au tracé de la chaussée de La Hulpe entre l’actuelle gare de Boitsfort et Groenendael. En revanche, il n’existe pas encore entre la gare actuelle et la chaussée de Waterloo : la chaussée de La Hulpe n’y sera ouverte qu’en 1698. Quant aux chaussées de Wavre et de Tervuren, si un tracé y correspond, il n’a pas encore le caractère très rectiligne qu’il va ensuite acquérir. C’est le cas entre Auderghem et Etterbeek, où le tracé correspond sans doute à l’actuelle rue Valduc et passe par le lieu-dit du Vogelensanck (l’actuel square J.B. Degreef). Vers le sud, le tracé du chemin vers Wavre correspond à la chaussée actuelle jusqu’au Rodenkloosterbeek, mais ensuite il est moins rectiligne que le tracé actuel, pour contourner les terres du Rouge-Cloître et passer bien plus près qu’aujourd’hui du château des Trois Fontaines. Ce n’est que peu avant Jezus-Eik que le tracé du chemin rejoint celui de la route actuelle. Quant au chemin de Tervuren, il n’est pas non plus aussi rectiligne que la chaussée actuelle au-delà de la rue du Rouge-Cloître.

En ce qui concerne les étangs, on peut observer qu’ils ne relèvent pas des terres domaniales, que ce soient ceux du Vuylbeek ou des Enfants noyés (Kinders Verdronken), ou ceux dépendant du prieuré du Rouge-Cloître (en ce compris les Floschen, qui forment toujours enclave relevant d’Auderghem à l’intérieur de la forêt domaniale en 1807).

 

Références :

– Carnier M., Tallier P.A., Boon B., Laurent R., Janssens L. & Maziers M. (2013), La Forêt de Soignes à la carte. La carte monumentale d’Ignace Vander Stock (1661), Les Amis de la Forêt de Soignes et Archives générales du Royaume, Sources cartographiques et iconographiques pour l’histoire du paysage en Belgique, ISSN 9057466392.